La perte de désir chez l’homme est un phénomène qui soulève des questionnements, certains vont dire qu’il est en nette augmentation, d’autres qu’il a été toujours aussi présent, mais qu’il était moins médiatisé. Le fait que c’est une problématique qui est abordée difficilement dans notre société est notamment en lien avec la croyance répandue qu’un homme a envie de faire l’amour en tout temps et dans toutes les situation (avec ou sans sentiments amoureux).
Pour moi, le désir sexuel hypoactif est un des problèmes sexuels les plus complexes et difficiles à traiter. Premièrement, les problèmes de désir sexuel sont multifactoriels, impliquent plusieurs dimensions et variables. Ensuite, ce problème s’accompagne d’importantes résistances au traitement, car le patient n’a pas ou plus envie d’avoir envie. Si on ajoute au présent tableau le fait que les hommes sont encore moins enclins à demander de l’aide, cela complique encore plus le processus sexothérapeutique.
Les causes de la baisse de désir (d’après LoPiccolo et Friedman) sont multiples et indissociables du contexte relationnel de la personne: la faible attirance sexuelle du partenaire, la pauvreté des habiletés sexuelles d’un ou des deux partenaires du couple, le conflit conjugal, la peur de l’intimité, ou les différences entre le besoin de rapprochement optimal entre les deux partenaires, la difficulté de fusionner les sentiments d’amour et le désir sexuel, en d’autres mots, la difficulté de désirer la personne qu’on aime et d’aimer la personne qu’on désire.
Dans le travail sexologique que je fais, je tiens compte d’éventuels liens avec:
- la présence d’une autre dysfonction sexuelle, comme les dysfonctions érectiles ou anorgasmie, qui pourrait être une des causes de desintérêt pour les activités sexuelles.
- la présence d’un trouble de l’humeur comme la dépression qui réduit toute envie en général, pas seulement sexuelle.
De plus, un accent est mis sur l’amélioration de plusieurs aspects comme:
- la diversification des expériences sexuelles et sensuelles, la priorité étant d’améliorer la qualité et la satisfaction sexuelle plutôt que la fréquence.
- l’augmentation de la perception des sensations corporelles.
- l’amélioration de la relation de couple.
- la diminution de l’anxiété en lien avec l’intimité sexuelle et la performance.
Une des croyances souvent retrouvée chez les personnes présentant une baisse de désir est le fait que la relation sexuelle ne devrait pas être planifiée, que faire l’amour est un acte qui se produit naturellement et spontanément. Mais, voyez-vous, du moment où les échanges sexuels se sont beaucoup espacés, le corps ne présentera plus ce besoin physiologique pressant, ou comme mes patients l’appellent souvent – « besoin animal » d’une union sexuelle avec l’autre. Alors le fait d’attendre cette envie n’amène rien de bon dans le couple, peut-être même qu’avec un peu de « chance » le/la partenaire oubliera lui/elle aussi d’avoir envie.
Et pour finir cet article, écoutons Johnny Hallyday avec son excellente chanson sur l’envie d’avoir envie 😉