Je suis tombé par hasard sur un livre de Françoise Dorin « Les jupes-culottes », le petit abstract de la fin du livre m’a donné envie de le lire: « Les jupes-culottes »… Lauranne appelle ainsi les femmes qui, comme elle, travaillent et vivent à la manière des hommes, sans pour autant renoncer à leur féminité: les femmes « qui ont le coeur en jupe et la tête en culotte ».
Dans ce roman, l’auteur à travers son personnage Lauranne, décrit 3 catégories de femmes, que je vais reprendre du livre, pour aller plus loin et discuter un peu de ce que je remarque souvent dans ma pratique et justement la situation et le rôle des hommes dans notre société:
« D’abord, il y avait les femmes-femmes, qui se subdivisaient elles-mêmes en femmes-putes, en femmes-épouses, en femmes-mères (certaines d’ailleurs cumulant les trois fonctions). Celles-là se voulaient dépendantes de l’Homme, elles ignoraient l’évolution des moeurs et profitaient des avantages de cette domination – car il y en a – et en acceptaient les inconvénients, en essayant toutefois de les pallier avec un maximum d’habilité comme leurs mères ou grand-mères et de la même façon. Elles étaient volontairement démodées et, au propre comme au figuré, refusaient de porter le pantalon. Pour cette raison Lauranne les appelait: les « jupes ».
Ensuite, il y avait les femmes-hommes. Elles s’appropriaient toutes les prérogatives masculines; elles méprisaient ceux-là mêmes qu’elles s’ingéniaient à imiter en tout et jusque dans leur tenue vestimentaire. Pour cette dernière raison, Lauranne les appelait: les « culottes ».
Enfin, une catégorie intermédiaire, louvoyant entre les deux autres, composée de femmes dont Lauranne disait drôlement qu’elles avaient « le coeur en jupe et la tête en culotte ». Pour cette raison, elle les appelait: les « jupes-culottes ».
C’est cette catégorie, dont elle s’estimait un spécimen particulièrement représentatif, qui posait aux hommes – surtout d’âge moyen – un véritable problème. S’ils tombaient sur des « jupes », aucune difficulté: ils n’avaient qu’à se laisser aller à leur instinct dominateur et à adopter, comme papa et grand-papa, les habitudes ancestrales du maître et seigneur.
S’ils tombaient sur des « culottes », pas de difficulté non plus: ou ils s’en accommodaient parce qu’ils n’étaient pas tarabustés par leurs chromosomes mâles, les autres fuyaient.
Mais, quand ils tombaient sur des « jupes-culottes » – malheureusement pour eux de plus en plus nombreuses – , tout se compliquait. Elles représentaient une nouvelle race de femmes, déconcertante comme tout ce qui est nouveau, à laquelle les hommes – sauf peut-être dans les jeunes couches de la population – avaient du mal à s’adapter. Lauranne convenait que l’ambivalence des jupes-culottes rendait à mes congénères la tâche délicate, car s’il est déjà assez difficile de trouver une moitié d’orange coïncidant avec la sienne pour former un tout idéal, ce l’était encore bien davantage quand il s’agissait de réunir une moitié avec deux quarts. C’était même impossible! Il fallait donc, pour une valable complémentarité, que les hommes se résolvent à se dédoubler, à être en somme, eux aussi, des jupes-culottes. Exceptionnels étaient ceux qui y parvenaient en sauvegardant leur spécificité de mâle. La plupart se dévirilisaient: les ersatz de Lausanne, par exemple. Beaucoup étaient déstabilisés, déboussolés comme moi. D’autres se tournaient vers l’homosexualité. »
A un moment donné je me suis dis « tiens, très intéressant cette catégorisation des hommes et des femmes, une réalité que je remarque souvent dans les couples qui me consultent et je ne vous dis pas mon étonnement quand j’ai vu que le livre est de 1984. Etonnant car d’après moi, il est toujours aussi actuel.
Je trouve que cet « empowerment » féminin ou plutôt cet « effacement » masculin a pris de grandes proportions. D’après Olivia Gazalé dans « Le mythe de la virilité. Un piège pour les deux sexes« : « le malaise masculin est réel, mais qu’il ne résulte pas tant de la récente révolution féministe (processus loin d’être achevé) que du piège que l’homme s’est tendu à lui même » par l’injonction d’une supérieurité virile. Cette virilité est une sorte de performance imposée qui les condamne à devoir constamment prouver leur force, leur pouvoir, leur courage et bien sur leur puissance sexuelle. En même temps les femmes sont en attente de partenaires de vie attentifs, aimants, empathiques, engagés dans leur couple, mais aussi dans leur ménage avec un partage des tâches ménagères et d’éducation des enfants.
Alors, que signifie de nos jours être un « vrai homme »?
Je remarque que les hommes sont souvent perdus, ne savent pas qu’elles sont les attentes de leurs partenaires ou de la société en général par rapport à leur genre. De peur d’être vus comme des machos, ils n’osent plus être assertifs, prendre des décisions, s’imposer quand il y a besoin. C’est quoi de nos jours être un « vrai homme »? chacun devrait chercher pour soi, « essayer le terrain », faire des expériences, car ce n’est pas ou plus un seul moule applicable à tous.
Au final, ce qui ressort souvent du discours des femme à propos des hommes, c’est que pour elles, l’homme idéal a changé. Ce n’est plus seulement l’homme fort et viril. C’est surtout l’homme authentique. Un homme avec des valeurs. Un homme avec des émotions. Un homme qui sait exprimer ses besoins ce qui veut dire – un homme qui peut se montrer vulnérable.