La sexualité est l’arène où l’on est le plus intime mais aussi le plus exposé et vulnérable. Depuis tout petit, nous apprenons nombre de choses et acquérons beaucoup de compétences, tandis que la sexualité continue à rester un domaine privé, pour beaucoup tabou, où l’on fait les expériences qu’on peut. On se lance dans ce domaine et c’est comme le lotto, si l’on a la chance de tomber sur des personnes assez ouvertes, compétentes, curieuses et bienveillantes et si en plus nous n’avons pas derrière nous une enfance remplie de messages de culpabilité, honte, dangers pour tout ce qui tient à la sexualité, alors on construit ce domaine de notre vie d’une façon positive.

Mais si l’on est une personne avec un grand schéma de carence affective, d’imperfection/honte, de méfiance, d’exigences élevées envers soi-même, ou encore de surcontrôle émotionnel, la sexualité peut devenir le terrain où tous ces schémas vont s’activer, ce qui peut représenter une source de stress et même de désespoir*. Un schéma qui s’active nous empêche d’être dans « l’ici est maintenant » ce qui est extrêmement important pour un bon fonctionnement sexuel.

Par exemple une femme avec ce genre de schémas activés, ne va pas se sentir belle et désirable (schéma d’imperfection, par exemple hérité de messages dénigrants sur son apparence durant son enfance), elle va chercher à faire l’amour avec la lumière éteinte ou en gardant son soutien gorge, elle aura du mal à lâcher prise pour arriver à l’orgasme car le regard désirant du partenaire peut la faire se sentir observée (Schéma de surcontrôle émotionnel). Tout ces éléments vont la faire culpabiliser, car elle-même ne va pas se sentir à la hauteur (Schéma d’exigences élevées), une personne qui ne s’aime pas profondément elle-même ne peut pas comprendre comment l’autre peut l’aimer autant (Schéma de carence affective) donc la crainte que le partenaire va partir pour une autre femme est omniprésente (Schéma d’abandon).

Pour un homme, la représentation de ces schémas peut se manifester de la façon suivante: il va être plus centré sur la partenaire et moins sur ses propres sensations, car il y a une pression de performance (schéma d’imperfection), d’être à la hauteur pour que la partenaire soit satisfaite et n’aille pas chercher ailleurs (schéma d’abandon). D’où les pensées parasites: est-ce qu’elle va prendre plaisir, est-ce que mon membre est assez grand, est-ce que je vais réussir à être en érection tout le long, est-ce que je vais tenir longtemps. Tout ces questions amènent une grande source de stress, et le stress est le pire ennemi de l’érection, du lâcher prise.

Vous le voyez, le rapport sexuel n’est pas juste un corps qui fait l’amour et apporte du plaisir à soi et à l’autre: dans le rapport sexuel se rejoue toute notre histoire de vie, de comment on a été aimé et construit comme personne.

La clef dans tout ça, comme le nom de cet article l’indique, c’est la bienveillance envers soi-même, soyez profondément bon avec vous, ne vous mettez pas la pression, ne vous jugez pas: aimez-vous vous-même, et l’autre vous aimera.

Don’t worry be happy 🙂

• « Un schéma est une disposition qui prend sa source dans l’enfance et influence toute notre vie. Nous avons été abandonnés, critiqués, surprotégés, nous avons été victimes d’abus, du rejet de notre entourage ou de privations, toutes choses qui one entrainé des traumatismes. Au bout d’un certain temps, le schéma s’intègre étroitement à notre personnalité. Longtemps après avoir quitté le foyer, nous continuons à créer des circonstances au sein desquelles nous sommes maltraités, ignorés, dénigrés ou dominés, et nous ne parvenons pas à réaliser nos aspirations les plus chères. » Jeffrey E. Young, Janet S. Klosko, « Je réinvente ma vie. Vous valez mieux que vous ne pensez », page.15