Les addictions sexuelles: l’érotisation de l’anxiété

Les addictions sexuelles sont une thématique très complexe. J’aime beaucoup les défis et les patients que je vois avec cette problématique me motivent beaucoup à trouver les bonnes « clefs » aux « chaînes » qui les font souffrir.

Selon le Dictionnaire des addictions de Laurent Karila, l’addiction sexuelle est « une addiction comportementale dont il existe différentes présentations cliniques, comme la masturbation compulsive, la drague compulsive, la consultation compulsive de sites internet classés X, de journaux ou de services téléphoniques à caractère pornographique, de sex shops,  de peep-shows, de bars lap-dance et l’hypersexualité ».

Le mécanisme de fuite, « d’anesthésie », est souvent le même: recherche d’une décharge, du plaisir, de la récompense, de sensations fortes, fuite des émotions négatives ou des conflits – sensation plaisantes mais qui ne durent qu’un temps. Après quoi s’installe une phase de désespoir, culpabilité, tristesse, impuissance, car le sujet ressent cette perte de contrôle sur sa vie. C’est la même chose que boire de l’eau quand on a faim, ça va remplir l’estomac mais ça ne va pas nous nourrir. La décharge orgasmique va « remplir » pour un moment, mais ne satisfera pas, et les émotions négatives reviendront vite au galop.

Photo by Albert Dera on Unsplash

Il m’est arrivé de voir des patients (cette problématique en général touche plutôt les hommes)y qui avaient une partie d’eux-même « critique – exigeante » très importante, et cette part d’eux-même interprétait le fait de regarder des films pornos et de se masturber comme quelque chose d’anormal. Ce jugement chargeait cette activité avec beaucoup de culpabilité, de honte, de rejet – ingrédients très « propices » pour installer une addiction, car pour apaiser ces émotions négatives ils recouraient de nouveau à la recherche du plaisir, de la décharge orgasmique. Voici comment le cercle vicieux s’enclenchait.

J’ai rencontré aussi des patients avec un tempérament plus renfermé, avec des schémas d’imperfection et de surcontrôle émotionnel, qui ont appris ainsi à faire face à l’anxiété, en l’érotisant. Anxiétés de toutes sortes, en lien avec les aléas de la vie: travail, argent, conflits, maison, famille, ruptures, deuils etc. Ils viennent souvent me voir quand leur activité secrète est dévoilée car c’est un coup dur pour leur couple et surtout pour la partenaire qui le prend souvent contre elle. Il est difficile de ne pas se demander « est-ce qu’il m’aime encore ou ne m’aime plus? », « est-ce que je ne suis plus désirable pour lui? », « qu’est-ce que j’ai fait faux? »etc. Alors ces conflits, la souffrance de la partenaire, les menaces de rupture, la surveillance, amènent une dose de plus de cette anxiété que le patient ne sait pas comment apaiser, car justement sa « stratégie inadaptée » n’est plus « permise ».

Il m’est arrivée aussi de voir sous ces symptômes un mélange complexe d’impuissance et de rage face à quelqu’un. La masturbation compulsive venait comme une façon cachée d’avoir le dessus sur l’autre à défaut de pouvoir l’avoir en vrai.

Dans toutes ces situations, une chose est certaine, les personnes qui souffrent de cette problématique ont une souffrance plus enfouie en dessous. Alors quand j’ai la confiance et l’accord des gens, je deviens leur guide pour les aider à rechercher ces ombres dans les recoins « souterrain » de leur âme, cette vulnérabilité, cette souffrance, afin de pouvoir la soigner directement à sa source. C’est un « voyage » souvent « périlleux » mais il vaut vraiment la peine!

Photo by John Noonan on Unsplash

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